Nous voilà depuis cinq jours entiers à Montréal. Mais nous ne sommes plus vraiment en voyage : nous préparons notre retour ici, en août. Nous sommes passés à l’université, avons pris pas mal d’informations, nous avons déambulé dans la ville, pas mal aussi, et, aujourd’hui, nous avons même été visiter des appartements. Nous vous avions prévenus : il n’y aura certainement pas autant d’articles pendant notre séjour au Québec, ni autant de photos, en fait nous n’avons pas encore sorti l’appareil de sa housse depuis que nous sommes ici.
Notre hôtel est situé dans le centre, mais c’est une notion assez vague : on a l’impression qu’il y a ici plusieurs centres, comme ce peut-être le cas à Paris, par exemple. Le guide décrit l’endroit comme « le quartier chaud ». Effectivement il y a des sex-shops, des boîtes de massage et tout le tintouin. Mais c’est aussi un coin assez fréquenté des étudiants, une des universités de la ville est tout près (mais ce n’est pas là que nous étudierons), et plus généralement un coin vivant, avec beaucoup de bars et de restaurants, des théâtres. Un peu plus haut dans la rue, il y a une boîte très branchée (on en entend parler partout) qui s’appelle « Les foufounes électriques » !
Dès notre arrivée, nous avons aussi pu vérifier que le mythe de la sympathie des québécois n’est que le reflet de la vérité. Nous avons été bien accueillis partout ! Et il est très facile d’engager la conversation, de demander des renseignements sur la vie ici, sur les démarches à suivre… Que ce soit à l’hôtel, à l’université, dans les magasins ou dans les banques, tout le monde nous répond avec le sourire.
En arrivant, nous n’avons pas eu une bonne impression de Montréal : la ville nous a semblé terne, sombre. Ça a continué les jours suivants. Pourtant, les deux ou trois premiers jours, il faisait plutôt beau ici, et chaud, contrairement à ce qu’on pourrait croire, comme une petite poussée d’été en avant -première. Depuis ça c’est un peu gâté : il pleut assez souvent et, surtout, il fait froid ! Il faut dire qu’on est passé pratiquement directement, avec seulement l’escale à New York, du sauna polynésien au réfrigérateur québécois… C’est un peu rude ! La ville est sombre donc… Oui, à bien des égards. Beaucoup de bâtiments sont faits d’une brique ocre, presque noire, de petite taille. Comme en Australie, les buildings modernes côtoient les anciens, mais le mélange n’est pas aussi uniforme, on dirait plutôt qu’il y a des quartiers de buildings modernes et des quartiers plus anciens.
Quel contraste, quand nous avons pris le métro, entre la sympathie des québécois, dont je parlais plus haut, et l’impression que donnent les trajets ! D’abord les lieux, qui ont amplifié notre impression du dehors : des couloirs sombres, monumentaux, écrasants. Et puis les mines des gens : abattus, harassés. Paris n’est pas mieux, certes, mais les Parisiens c’est général, même en dehors du métro ce sont des teignes. Un peu partout dans la ville, on croise aussi beaucoup de mendiants, preuve que la vie au Québec n’est pas facile pour tout le monde. Non, ça n’a pas l’air drôle tous les jours… Notre première sortie vers l’université n’a pas non plus été très gaie : le quartier nous a semblé triste sous un ciel gris, les bâtiments sont vieux, du moins ceux que nous avons visités en premier, là où se trouve le bureau des étudiants étrangers. Dans la rue, nous avons aussi croisé beaucoup de ces regards désabusés, comme dans le métro.
Passée l’impression des premiers jours, nous avons maintenant de Montréal une opinion mitigée, comme on pourrait en avoir de partout, je suppose. Après le quartier chaud du centre, un peu trash, et le quartier de l’université, un peu triste, nous avons découvert d’autres coins beaucoup plus sympathiques : le plateau Mont-Royal, la rue Saint-Denis, la rue Laurier…
On nous avait dit que Montréal était une ville américaine, c’est faux ! La vie de quartier est bien présente ici : on trouve des restaurants et des cafés un peu partout, des supermarchés disséminés dans la ville, des petites épiceries de quartier (les « dépanneurs », ouverts tard le soir pour quand on a un besoin urgent, de chocolat par exemple). Contrairement à ce qu’on peut trouver dans l’ouest des États-Unis [1], où le centre est réservé aux affaires et où les gens habitent en périphérie, les habitations sont intimement mêlées aux entreprises, ce qui donne des quartiers vivants. Par contre, on sent bien, un peu partout, l’influence des États-Unis : la société est largement libérale, avec beaucoup moins de protections que n’en offre la France, d’autant plus de souplesse pour qui sait bien naviguer et d’autant plus de risques pour qui ne sait pas.
On nous avait présenté Montréal comme une ville cosmopolite, c’est vrai ! Il y a un mélange impressionnant de cultures : des restaurants et des magasins de toutes les nationalités, des passants de toutes les couleurs. C’est une explosion d’odeurs et de musiques différentes qui se mêlent quand on avance sur le trottoir. Un restaurant indien, une librairie anarchiste, un vendeur de shiloms, un bar à tapas, un magasin new-age…
Bref, nous avons encore des sentiments disparates qui, je n’en doute pas, se compléteront au fur et à mesure de notre séjour, si ce n’est dans ce premier passage de trois semaines, se sera l’année prochaine. Pour l’instant nous sommes à fond dans la recherche d’un logement pour le mois d’août, nous avons déjà élu notre quartier : le plateau Mont-Royal, même si c’est un peu plus cher qu’ailleurs, et nous commençons a avoir une bonne idée des prix [2]. Espérons que nous nous trouverons la perle rare des apparts pour pouvoir nous y réfugier, l’année prochaine, en plein hiver, quand un blizzard glacé soufflera dehors !